« En France le Roy n'a point vergogne » (1)
Pour tous ceux qui ne sont pas habitués au français du haut moyen-âge, la phrase de titre, vieux proverbe du 15éme siècles, signifie qu'en France le roi n'avait pas à avoir honte et n'avait pas à se justifier pour ses décisions bonnes ou mauvaises. Il était le roi et quoiqu'il ait pu décider personne ne pouvait lui en faire grief.
Second life ressemble étrangement à cette société féodale finissante. Sur chaque sim de notre petit univers, le propriétaire des lieux fait ce que bon lui semble. On peut donc paraphraser ce vieux proverbe français en disant :
« Sur SL, le Landlord n'a point vergogne. »
Un avatar décide de casser sa tirelire, il achète ou loue une sim et sur ce carré de 256 mètres sur 256 il crée son petit univers. Son univers bien à lui, un endroit où s'appliquent les règles que le créateur-propriétaire a décrétées être valable pour lui et tous ceux qui pénétreront sur cette ile.
Il est seul juge de la justesse et de la « normalité » de ces règles. Il décrétera que sur son ile-jardin personne ne peut utiliser la voice, que sur son repère dédié à l'univers de Gor la tenue des avatars de passage doit correspondre à ce qui est défini dans le livre de John Norman ou encore que dans la guinguette au bord de l'eau dédiée aux rencontres entre amis et à la musique douce les phrases du style :
" Tu vas voir comme je vais te peter le cul ma salope! »
Ces phrases sont totalement proscrites et toute personne qui se ferait un plaisir de pourrir le chat avec ce genre de littérature se verrait offrir un TP vers son domicile.
C'est le droit imprescriptible du propriétaire-créateur, il est seul juge de ce qui acceptable ou non dans l'univers qu'il a lui-même créé.
Globalement tout le monde respecte les règles du jeu, la Neko qui va sur une sim Gor se changera en Kajira avant d'y aller et si elle passe ensuite sur une sim ou la voice est prohibée elle coupera son micro. L'homme qui passe par hasard dans une sim exclusivement réservée aux femmes se dépêchera de se téléporter ailleurs pour éviter la volée de bois vert qui ne va pas manquer de lui arriver sur le dos.
Mais, car il y a toujours un « mais », sur chaque sim il ne se passe pas une journée sans qu'un récalcitrant professionnel ne débarque et se fasse un petit plaisir en agissant en infraction à toutes les règles du lieu. Comme pratiquement toutes les sims disposent de leurs services d'ordre l'histoire se termine toujours très vite et toujours de la même manière, le perturbateur se fait éjecter voire, se fait bannir.
Ce n'est jamais amusant, jamais drôle, mais il y a une grande constante dans les réactions de la personne éjectée. Elle contrevient à toutes les règles édictées, mais la sanction pour ce manque de respect est toujours considérée comme une atteinte inacceptable à son droit imprescriptible de faire ce qu'elle veut où bon lui semble.
Donc dans la rafale d'IMs rageurs qui suivent l'éjection vous êtes certains de retrouver les bouts de phrases suivantes :
-" ... ban abusif inacceptable.."
-" ... attitude digne d'un correspondant anonyme de la Gestapo... »
-" ... t'as vraiment que ça pour te sentir importante espèce de salope? »
-"... T'en fais pas connasse, je vais en toucher deux mots à xxxx et tu vas voir ce qui va t'arriver... »
-"... Je le savais que c'était une sim de merde.... »
-" ... c'est scandaleux cette attaque ignoble contre la liberté d'expression... »
la liberté d'expression.... mmmmmmmmm..... ça c'est quelque chose de chouette la liberté d'expression !
C'est vrai que nous vivons dans un pays démocratique et qu'il faudrait que chaque « citoyen » puisse à tous moments et en tous lieux exprimer librement son point de vue, ses convictions et ses envies.
je vous donne deux exemples imaginables :
- Exemple 1 :
Vous entrez à la boulangerie du coin quand un maximum de clients est là et vous lancez à la cantonade la phrase que j'ai cité un peu plus haut :
" Tu vas voir comme je vais te peter le cul ma salope! »
Là il y a deux solutions, au mieux quelqu'un va vous demander si ça va bien chez vous, au pire quelqu'un va, démocratiquement, vous coller une baffe.
- Exemple 2 :
Un vendredi après midi vous entrez dans la grande mosquée de Paris, les chaussures aux pieds de préférence, et vous lancez à la cantonade une phrase du genre :
" j'emmerde les beurs ! »
Pourquoi pas dans le fond, on vit dans un pays démocratique où l'expression de ses convictions personnelles est un droit inaliénable. Soyez certains que les gens qui sont présents et ne sont pas en prière à ce moment-là se sentiront eux aussi dotés d'un droit inaliénable de vous mettre dehors à grands coups de pieds dans le postérieur.
Pour tous ceux qui ont zappé les cours de philo et d'histoire au lycée je recommande la lecture des philosophes grecs du 4éme siècles av. J.-C. ainsi que celle des philosophes français du « siecle des lumieres ». Uniquement pour bien se remettre en mémoire, si nécessaire, que la démocratie ne consiste pas à faire ce qu'on veut, où on veut et quand on veut, mais que la démocratie est plutôt l'acceptation librement consentie des règles définies par la majorité des membres de la communauté à laquelle on appartient.
Heureusement pour nous, nous vivons dans un pays « démocratique ». L'ensemble des 45 % d'habitant de ma petite ville qui ont voté pour la liste qui n'a pas remporté les dernières élections municipales sont là pour le prouver en ne mettant pas à feu et à sang une ville qui a démocratiquement élu l'adversaire.
Et si tout le monde faisait de même dans SL ?
Et si chaque visiteur de la Rose Rouge se faisait un point d'honneur de respecter les règles établies et acceptées ?
C'est sur j'aurai moins de problèmes, moins de travail... Mais je ne m'en plaindrai pas :-)
Idho Yue aka Claude Neiro.
(1) Citation de Nicolas Machiavel dans "Compte rendu des affaires de France".
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